Les 24 et 25 juin dernier avaient lieu les conférences USI, (Unexpected Sources of Inspiration), au Carrousel du Louvre, à Paris.

Cet évènement incontournable, qui a lieu depuis plus de dix ans, est centré sur des thèmes traitant des grands enjeux de notre avenir numérique : intelligence artificielle, éthique, design économie, philosophie, neurosciences…

Antoine PEZÉ, Romain WATTELLE et Benjamin CUINIER ont eu la chance de s’y rendre cette année, et vous livrent ce qu’ils ont retenu de leurs coups de coeur sur ces deux jours passionnants 💛

24 juin – Les coups de cœur de Benjamin Cuinier

🎙 Ramesh Srinivasan, enseignant à UCLA (Université de Californie à Los Angeles), étudie les relations entre technologie, politique, société. Son intervention intitulée « The Internet of Tomorrow: Stories from Beyond the Valley » Ramesh nous donne un point de vue sur certaines tendances de transformation de la société.

La donnée est à considérer comme le nouveau carburant de l’économie (extraction, mise en qualité et distribution). Ce carburant nécessite des infrastructures significatives pour circuler. Mais celles-ci sont-elles réellement compatibles avec un développement durable ?

Le rêve américain est en train d’être challengé : la part des enfants gagnant plus que leurs parents est passé de 92% à 50% en 50 ans ! Le travail proposé par les plateformes mettent à mal la protection sociale du collaborateur. Toutefois, est-il possible de mettre en place un nouveau système de protection sociale de base ? Celui-ci serait alors fondé sur un modèle multi-contrats où la protection sociale serait partagée par l’ensemble des entreprises émettrices des contrats de travail.

🎙 Alexei Grinbaum est physicien et philosophe. Conjointement à ces recherches mathématiques, il travaille sur les questions éthiques posées par les nouvelles technologies. Dans sa conférence nommée « Satanas Ex Machina », Alexei nous invite à réfléchir sur l’implication de l’intelligence artificielle.

Pour fonctionner de manière optimale, l’intelligence artificielle a en effet besoin tôt ou tard de spécifications précises.

Par exemple, pour reconnaître un être humain, la machine a besoin de savoir ce qu’est un être humain et donc d’avoir une spécification. Mais, qu’est ce qu’un être humain ? Ses caractéristiques sont extrêmement denses, car après tout, une personne avec les yeux verts est tout autant un être humain qu’une personne avec les yeux marrons.

En dernier ressort, quel comportement spécifier à la machine ? Quelles doivent-être ses règles prioritaires : agir pour le plus grand nombre ? En fonction du statut social ? En fonction des lois ? Ou faut-il simplement laisser faire le hasard ? 🤔

🎙 Dambisa Moyo est spécialiste de la macroéconomie, de l’influence de l’aide étrangère et des relations internationales.

Dambisa Moyo

Dans sa conférence « Global Shifts in Economics, Politics & Business: What is it Going to Take to be Successful ? », Dambissa nous alerte sur les six défis que doit relever notre société au niveau mondial dans un avenir proche :

  • L’impact de la technologie sur le travail : quel secteur va absorber les cohortes de travailleurs dont l’emploi est remplacé par la machine ?
  • La démographie : chaque mois, la population indienne s’accroît de 1 million de personnes. Comment gérer cet accroissement de population en cohérence avec l’utilisation des ressources naturelles ?
  • Les inégalités de revenus : aux  USA, près de 50% de la population qui travaille épargne moins de 400$ : en regard du montant des frais médicaux aux USA, que se passe-t-il en cas de mauvaise couverture sociale ?
  • L’utilisation des ressources naturelles et le changement climatique : comment concilier les différents modes de vie consuméristes avec une utilisation responsable des ressources naturelles ?
  • La dette : les états, entreprises et individus sont endettés. La Chine est le principal prêteur vis-à-vis des pays : cela crée-t-il une réelle dépendance / déséquilibre ?
  • La productivité du travail : comment redonner de la valeur au travail ?

🎙 Amy Edmondson est actuellement professeur de Leadership à la Harvard Business School. Dans sa conférence « The Fearless Organization », Amy nous donne sa clé d’une organisation performante.

Amy Edmondson
Source : ted.com

Le point de départ de l’analyse montre que, dans le secteur de la santé, les hôpitaux les plus sûrs sont ceux qui ont le meilleur processus de gestion des erreurs (transparence, explication, volonté d’en parler et de présenter les analyses).

Les environnements / entreprises qui sont transparents dans leurs erreurs (sans déni et sans se dédouaner) sont parmi les plus apprenants et les plus propices à l’amélioration. Le silence n’est pas source d’amélioration. Ce mode de fonctionnement est un facteur clé pour évoluer dans un monde « VICA »? (Volatile, Incertain, Complexe, Ambigu).

Cette approche offre la possibilité d’atteindre un haut niveau de performance tout en assurant une certaine sécurité psychologique dans l’organisation.

25 juin – Les coups de cœur de Romain WATTELLE & Antoine PEZÉ

🎙 Hugh Herr est un alpiniste, ingénieur et biophysicien américain qui suite à un accident lors de l’ascension du Mont Washington en 1982, s’est vu amputé des deux jambes. Il a décidé de se battre pour pouvoir vivre comme la plupart des gens, grâce à des prothèses particulièrement développées.

Conférences USI

Ainsi, dans sa conférence baptisée « The Bionic Age », nous apprenons qu’il existe aujourd’hui des prothèses qui se synchronisent à notre corps.

La chirurgie permet maintenant de mieux relier homme et machine grâce une nouvelle manière de faire : les muscles, auparavant fixés aux os, sont désormais solidaires entre eux. Ce changement permet donc de relier ces impulsions aux ordinateurs des prothèses pour que ces mouvements soient interprétés et reconstruits par la machine, facilitant grandement la récupération.

Les hommes augmentés vu à Hollywood sont pour autant bien loin d’être d’actualité. La généralisation d’exosquelettes permettant de porter des charges lourdes ou de décupler nos compétences n’est pas encore arrivée. A priori, les premiers exosquelettes seront des « chaussures augmentées », fixées à nos chevilles, afin de courir plus vite notamment.

🎙 Philippe Gabilliet est professeur de psychologie et de management à ESCP Europe (Paris), conférencier et coach de dirigeants.

Dans sa keynote « Changer de vie : un art pas comme les autres », il explore 5 clés de réflexion sur ce à quoi demain pourrait ressembler.

  • On ne peut ni tout choisir, ni tout changer… mais c’est avec le peu de choses qu’on choisit de changer que l’on peut faire la différence : oui mais changer quoi, où, avec qui, quand ? 🤔
  • Même quand on veut changer de vie, certaines choses ne changeront pas : nous avons tous un passé avec lequel nous devons composer.
  • Changer de vie, c’est accepter de rencontrer des résistances : pour changer, il faut jeter des choses, se délester malgré les freins.
  • Tout changement de vie réussi est une création… mais une création collective : soit nous partons à plusieurs, soit nous rencontrons d’autres personnes sur le chemin.
  • Changer de vie, c’est enfin apprendre des choses nouvelles : apprivoiser un autre éco-système, vivre différemment les relations avec les autres ou vivre des changements intérieurs variés.

Il faut 10 000 heures pour devenir expert sur un sujet, mais 600 heures sont suffisantes pour faire de nombreuses activités : apprendre à parler une langue étrangère couramment, devenir très bon danseur, avoir une ceinture noire de karaté, écrire un scénario de film… 600 heures sur les 788 000 de notre existence… C’est une bonne première étape pour changer de vie 👍🏻

🎙 Konstantin Batygin est un astronome russo-américain et un professeur adjoint de sciences planétaires à l’Institut de technologie de Californie.

Sa conférence « Plant nine from outer space » démontre comment il en est venu à la conclusion qu’une neuvième planète existe dans le système solaire.

Il nous raconte son cheminement, nous expliquant avoir compris que le système solaire tel qu’on le connait est entouré d’une ceinture d’astéroïdes. D’autres corps et leurs orbites sont ainsi découverts au delà de cette ceinture, le menant alors à la conclusion qu’une neuvième planète existe, influençant ces corps. 🌑

Ainsi, Il faudrait à la « Planète X » entre 10 000 et 20 000 ans pour faire le tour du soleil et aurait une masse équivalente à cinq fois la Terre. Aujourd’hui, un « super télescope » est à la recherche d’une preuve qui puisse étayer cette hypothèse.

🎙 Arsène Wenger est bien connu de tous les amateurs de ballon rond. Celui qui fût durant 22 ans l’entraîneur emblématique du club londonien Arsenal F.C. participait à une session de questions-réponses autour d’un thème : « Qu’est-ce qui nous rend meilleurs ? »  

Voici quelques-uns des propos qui nous ont le plus marqué :

  • « Un entraineur est un guide, sans lui l’équipe peut briller mais pas sur la durée. L’entraineur doit établir un concept clair même si parfois, il doit savoir le mettre à la poubelle. Il doit également être extraordinairement résistant au stress et être capable de priver un joueur de match, tout en gardant la relation avec lui durant le week-end. »
  • « La relation avec les joueurs a été bouleversée par l’évolution des salaires. J’ai donc du faire évoluer mon mode de management. Il ne s’agit plus de donner des ordres mais de convaincre. Pour moi, le management c’est l’art d’obtenir des autres ce que l’on pense être le mieux. Il faut que ton projet devienne le leur, même si le plus important reste de convaincre les meilleurs de ton équipe. »
  • « Pour aider les joueurs, j’essaie toujours de détecter le point fort de la personne. Ce dernier compensera les points faibles. Pour exemple, on peut critiquer un joueur comme Olivier Giroud mais il a un énorme point fort et c’est pour cela qu’il reste titulaire. Le sport moderne exige un point fort et d’être bon partout à la fois. »
  • « Les joueurs de très haut niveau ont une analyse objective de leurs performances. Ce sont des gens qui ont une combinaison entre motivation et intelligence. J’ai vu beaucoup de gars échouer avec un talent formidable mais qui n’étaient pas prêt à maintenir l’effort. »
  • « Il faut des valeurs, et s’assurer que chacun les respectent. Il faut créer une culture ce qui n’est pas facile lorsqu’il faut composer avec des joueurs venant de onze pays différents. Pour construire cela, j’ai dispersé les joueurs par groupe de cinq. Chaque groupe devant expliquer ce qui est important pour eux. J’ai ensuite fait la synthèse de leurs propos afin de faire émerger le fonctionnement de l’équipe. »

🎙 Raffaello D’Andrea est entrepreneur et professeur à l’ETH Zurich (École polytechnique fédérale) et cofondateur de Kiva Systems.

Avec « Flying Machines », il revient sur l’expansion fulgurante des drones volants dans de nombreux domaines : livraison de colis, surveillance, suivi de sportif, prise de vue en hauteur mais aussi dans le domaine artistique.

De plus en plus de spectacles incluent des drones volants autonomes. De la superstar du R&B Drake en passant par les tournois de hockey ou encore  auprès d’artistes du cirque du Soleil, de multiples scènographies sont aujourd’hui possibles. Nous avons même eu le privilège d’assister à une démonstration sur l’espace de conférence, au beau milieu du carrousel du Louvre. 🛸

Pour conclure

« Ces deux journées ont été riches d’enseignements et renforcent nos convictions prises durant la réalisation de nos missions de Conseil. Nous retenons notamment des concepts comme la ténacité dans l’atteinte des résultats, l’utilisation des technologies de manière responsable et l’importance du collaborateur. Enfin de manière plus globale, il nous semble que la capacité à s’ouvrir sur l’extérieur et à s’inspirer d’histoires d’autres secteurs est primordial pour rester pertinent dans notre domaine. »